Le feu reste la première menace pour les ETI
Page publiée le 15/03/2022
Les statistiques, comme celles des Sapeurs-Pompiers de France qui ont affiché en 2019 une baisse annuelle de 3 % des feux d’entrepôts et locaux industriels, montrent que le nombre de sinistres incendie dans les sociétés chute d’année en année mais « elles représentent toujours le risque le plus important auquel doivent faire face les ETI. Et même si leur fréquence diminue, les montants de dommages qu’ils provoquent sont en hausse constante », explique Pierre-François Dezalys, Responsable Prévention et Qualité des Risques.
Selon les statistiques de la direction des risques professionnels de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) publiées en 2015, sur les dix dernières années, 120 incendies annuels en moyenne engendrent un arrêt de travail, dont 15 accidents graves (impliquant une incapacité permanente) et un décès. Toutes les ETI peuvent être touchées par ce risque, mais les plus sensibles sont les industries où des fours sont en action (aciéries, cimenteries, verreries, etc.) qui représentent près de 20 % des sinistres. 15 % des incendies touchent, quant à eux, des entrepôts et des locaux commerciaux ! Les activités de gestion de déchets, de traitement de surface, les commerces et les industries agroalimentaires, chimiques et du bois sont aussi particulièrement vulnérables.
Ces incidents sont souvent lourds de conséquences : 70 % des entreprises victimes d’un incendie majeur disparaissent dans les mois suivants du fait des répercussions économiques liées aux dégâts matériels. Usine réduite en centre, bureaux inondés par les lances à eaux des pompiers, matériels informatiques hors d’usage… La liste des dommages provoqués par les flammes est impressionnante
Chasse aux coûts
La hausse des coûts des sinistres incendies est liée à plusieurs facteurs. Tout d’abord, le choix des éléments de construction lors de la création ou la rénovation d’un site, conditionnera sa tenue à un éventuel départ de feu. De nombreux bâtiments actuels sont construits avec des matériaux de construction que l’on peut qualifier de « légers » : structures métalliques, murs et toiture en bacs et panneaux sandwichs en acier, présentant des degrés de résistance au feu plus faibles que des matériaux de construction de type béton/parpaings.
Par ailleurs, « la concurrence économique encourage les entreprises à limiter fortement les dépenses qui ne sont pas strictement réglementaires et qui ne qui ne créent pas de valeur ajoutée immédiate. Les cloisons et portes coupe-feu, par exemple, pourtant indispensables pour compartimenter les risques, peuvent ainsi faire partie des achats qui ne sont pas jugés indispensables », regrette Pierre-François Dezalys.
Ensuite, les systèmes d’extinction automatiques d’incendie à eau, plus communément appelées « sprinkler », sont également coûteux puisque le ticket d’entrée pour une telle installation atteint en moyenne 250 000 euros pour 1 000 m2 protégés. Les installations électriques, souvent vieillissantes ou sous-dimensionnées, augmentent, quant à elles le risque de courts-circuits, les installations électriques étant l'une des principales causes des départs de feu, avec les erreurs humaines.
La mondialisation de l’économie accroît aussi l’impact des incendies pour les ETI. En effet, l’arrêt d’un site peut avoir un effet boule de neige sur les autres filiales d’un groupe et stopper net toute son activité. Des clients peuvent se retourner contre un fournisseur qui ne serait plus capable de leur livrer les pièces ou les services commandés.
Être proactif plutôt que réactif
Pour éviter de tels désastres, la meilleure protection reste la prévention. Par exemple, la mise en place d’un « permis de feu », qui doit être établi avant toute opération de maintenance ponctuelle qualifiée de « travail par point chaud » comme le soudage, la découpe de métaux et les travaux générateurs de chaleur, d’étincelle ou de flamme, permet d’éviter de nombreux départs de feu. En complément, « les ETI ont tout intérêt à mettre en place des cellules de crise pour réagir rapidement face aux conséquences d’un incendie », conseille Gilles Piffaretti, expert Gestion de Crise COVÉA-MMA. « Composée d’un directeur de crise, d’un coordinateur, d’un minutier qui note tout ce qui se passe et d’un anticipateur qui a pour mission de prendre du recul sur la situation immédiate, cette structure a pour objectif de choisir la stratégie, puis les moyens, pour sortir de cette crise. »
Les Plans de Continuité d’Activités (PCA), préparés en amont, doivent permettre aux membres de la cellule de crise de déclencher la mise en œuvre de modes dégradés pour redémarrer au plus tôt les activités les plus critiques pour l’entreprise en attendant un retour à la normale.
Pour mieux anticiper, les membres de la cellule de crise, si possible accompagnés d’experts en gestion de crise et continuité d’activité, doivent tout d’abord, imaginer et analyser les scenarii accidentels pouvant conduire à l’incendie, en cherchant à quantifier la fréquence d’occurrence et la gravité potentielle d’un départ de feu. Pour être efficace, « une cellule de crise doit se réunir régulièrement pour effectuer des exercices de crise. L’idée est de proposer des scénarii surprenants, déroutants, comme la chute d’une météorite sur une usine pour voir les réactions de ses membres et étudier les actions qu’ils décident de prendre » conseille Gilles Piffaretti. « Lors d’exercices de crise plus réalistes, il est intéressant de faire intervenir et participer des professionnels, santé, pompiers, services de mairies ou préfectures. Leurs implications et conseils sont précieux ».
La nécessité des extensions facultatives
Limiter la présence d’importantes quantités de produits combustibles sur un seul site, limiter et maîtriser les points d’ignition, respecter les distances de sécurité sont d’autres réflexes de prévention à avoir. L’installation d’extincteurs, de robinets incendie armés (RIA), de réserves d’eau pour les pompiers, ou encore de détecteurs d’incendie, est également conseillée. Il est aussi important de désigner des équipes de première et de seconde intervention, de les former régulièrement pour s’assurer de leur efficacité contre les flammes.
Néanmoins, lorsqu’un feu a détruit une partie de vos installations, une bonne assurance vous permet de pouvoir relancer votre activité plus facilement et à un moindre coût. Car si les contrats de responsabilité civile de l’entreprise incluent une garantie pour les dommages d’incendie causés aux voisins et aux tiers, ils ne couvrent pas les pertes d’exploitation de l’assuré ; ni les atteintes à l’environnement provoquées par un feu sur un de ses sites.
Souscrire des extensions optionnelles peut donc se révéler utile pour ne pas dire nécessaire pour les ETI.
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