Se déployer à l'international : quels risques pour une entreprise ?

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Page publiée le 15/03/2022

Les chiffres sont impressionnants. Trois ETI françaises sur quatre exportent, contre à peine plus d’une PME sur dix.

Elles comptent 12 000 filiales à l’étranger, soit un tiers des filiales françaises hors de nos frontières. Presque un tiers des entreprises de taille intermédiaire disposent d’implantations physiques à l’international et réalisent 20 % de leur chiffre d’affaires à l’export. Ce chiffre est légèrement inférieur à celui des grands groupes (26 %) mais il est deux fois supérieur à celui des PME, selon l’Institut Montaigne. Si nos ETI sont déjà très présentes en dehors de l’hexagone, près de 40 % d’entre-elles visent à se développer davantage à l’étranger. Mais ouvrir des filiales loin de chez soi  peut s’avérer dangereux. C'est pourquoi il est nécessaire d'y réfléchir sereinement et de peser les risques et les bénéfices.

Beaucoup d’ETI pensent que les contraintes qu’elles subissent en France vont disparaître à l’international et qu’elles seront accueillies avec bienveillance.

Selon Vincent Astié, responsable grands comptes chez MMA, « De nombreuses entreprises sont trop optimistes lorsqu’elles s’implantent dans d’autres pays. Et n’observent pas systématiquement les précautions d’usage qu’elles suivraient en France. Mais prendre les choses à la légère peut être périlleux. Il ne faut pas succomber au péché de naïveté ». Plusieurs risques doivent, en effet, être intégrés avant de se lancer à la conquête de nouveaux marchés.

Dommages matériels et pertes d’exploitation

Les frontières ne changent rien à l’affaire. « Une ETI doit avoir la certitude que ses biens sont assurés de la même manière en France qu’à l’étranger », conseille Alain Carronnier, Responsable Coordination Souscription Internationale chez MMA. Les locaux et les biens d’une société doivent être protégés où qu’ils se trouvent. Les immeubles et leur contenu ainsi que les stocks d’une entreprise peuvent être endommagés ou détruits indépendamment du pays dans lequel ils sont situés. Couvrir ces dommages matériels ainsi que les pertes d’exploitations consécutives est donc une nécessité pour éviter de mettre en péril l’activité de la société.

Risques réglementaires

Attention aux spécificités locales ! Chaque pays, même au sein de l’espace économique européen, possède sa propre réglementation notamment dans le domaine fiscal. Une ETI doit donc étudier la législation locale pour connaître ses droits, mais aussi les obligations qu’elle devra respecter pour ne pas faire face à d’éventuelles sanctions. Cette mission n’est pas simple à accomplir. Elle a même tendance à se compliquer d’année en année.

Le protectionnisme revient en effet sur le devant de la scène. Certains pays multiplient les contraintes à l’encontre des sociétés industrielles qui souhaitent s’implanter sur leur territoire, notamment via la création de nouvelles taxes. Toutes les transactions en dollars passent, par exemple, par le Trésor américain même si elles n’impliquent aucune entreprise présente aux États-Unis. Si un intervenant enfreint les règles américaines, qui évoluent quotidiennement, il peut être contraint de verser une indemnité correspondant à 10 % du CA de sa société holding.

Risques politiques

Dans certains pays, les autorités peuvent confisquer vos biens ou exiger une rupture de contrat sans raisons véritables. Ce risque doit être calculé par une ETI lorsqu’elle décide de s’implanter sur un marché. Une entreprise doit également connaître les sanctions internationales qui peuvent peser sur certains pays ou à l’encontre d’individus.

Car si une société tisse, par exemple, des liens commerciaux avec un groupe dans lequel siège à son conseil d’administration une personne visée par des sanctions, elle enfreint la loi internationale. Et s’expose à des pénalités financières et administratives, voire des condamnations pénales. Les ETI ont souvent une méconnaissance des règles internationales, pourtant les sanctions qu’elles encourent sont importantes et peuvent les impacter durement. Elles doivent donc être en alerte sur ce risque.

Risques climatiques

Tempête, inondation, sécheresse, incendie, tremblement de terre… Une ETI doit analyser la sensibilité d’un pays aux éléments naturels avant de décider de s’y implanter. Le réchauffement climatique et la multiplication des catastrophes environnementales aux quatre coins du Monde rendent encore plus importante la prise en compte de ces risques.

L’année dernière, de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes ont causé des destructions d’un coût supérieur à 920 millions d’euros, et sept d’entre eux ont provoqué des dégâts supérieurs à presque 10 milliards d’euros. Les inondations dans le Midwest et le sud des États-Unis ainsi que les feux de forêt en Californie ont coûté, à eux seuls, près de 35 milliards d’euros et perturbé l’activité de milliers d’entreprises. Les assureurs prévoient un doublement des charges sinistre liées au changement climatique d’ici 2040. Des statistiques à considérer sérieusement avant de choisir le lieu d’implantation de sa future filiale...

Vincent ASTIÉ

Responsable International chez MMA


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